Interview et partage d’expérience – Laurence Rosenzweig
Un mot sur vous, votre parcours.
Mes racines sont en Afrique (je suis née à Bangui en Centrafrique et j’ai vécu 17 ans au Togo) et en Asie (ma grand-mère maternelle était vietnamienne).
Je suis très heureusement mariée à Aimé-Frédéric et nous avons trois grands enfants : Pierre, Elise et Marianne, des merveilles de la vie.Coach systémicienne depuis 2014, je suis indépendante et travaille en réseau avec d’autres ami.e.s coachs. J’aime me définir comme « chercheuse de sens » et « catalyseuse d’énergie collective ».
Lorsque j’étais enfant, je voulais devenir exploratrice : cela dit quelque chose de mon goût à ouvrir de nouveaux chemins, ma curiosité, mon ouverture aux autres … Je garde le goût des voyages, et surtout le goût des rencontres authentiques.
Avant 2014, j’ai travaillé plus de 20 ans pour le groupe EDF (le courant est très bien passé !), d’abord sur le développement de projets à l’international pendant une dizaine d’années, puis dans les fonctions centrales du groupe (Direction de la Stratégie, Direction Financière ..). J’ai été coach interne du groupe, entre 2012 et 2014.
J’ai été formée au coaching systémique par Alain Cardon en 2011 (société Métasystème), puis certifiée par l’International Coach Federation (ICF) en 2013.
A l’ICF, nous sommes invités à renouveler notre certification tous les trois ans. Nous sommes en formation permanente ! C’est une belle invitation à toujours se remettre en question, travailler sur soi, travailler son professionnalisme … pour mieux accompagner nos clients.
Ma spécificité, en tant que coach, c’est d’accompagner mes clients pour trouver ce qui fait vraiment sens pour eux, à titre personnel ou professionnel.
A titre personnel, c’est accompagner la personne pour qu’elle puisse mettre des mots sur sa finalité (professionnelle ou de vie), ce à quoi elle a vraiment envie de contribuer dans le monde, ce qui rend sa vie désirable et lui donne un horizon long.
Au niveau des organisations, c’est permettre aux dirigeants et à leurs équipes de (re)trouver du sens à leurs actions (la raison d’être), mobiliser l’énergie collective, retrouver du dynamisme et de la motivation en construisant sur une vision partagée de l’avenir.
Pourquoi avoir eu envie de vous former au coaching ?
Je suis arrivée au coaching par vocation professionnelle.
A posteriori, je peux dire que j’ai toujours eu une posture de coach et d’écoute; mais c’est lors de ma formation avec Alain Cardon que j’ai réalisé que l’écoute et l’accompagnement (que je pratiquais avec beaucoup de plaisir dans un cadre paroissial : préparation au mariage, accompagnement de jeunes en aumônerie etc..) avaient aussi toute leur place dans l’entreprise, et qu’il était possible d’en faire son métier.
Je me suis donc formée au coaching, et j’ai commencé à exercer sur une partie de mon temps à EDF, en tant que coach interne. A l’époque (2012-2013), pour présenter la certification à l’ICF, il fallait justifier de cent heures de coaching, alors …j’en ai fait des coachings sur l’heure du déjeuner, avec tous les collègues qui voulaient bien me faire confiance !
J’ai ensuite pris conscience que pour bien exercer ce métier, il était important pour moi de ne pas faire partie du « système » (pour retrouver la liberté de m’exprimer comme je l’entendais)…c’est la raison pour laquelle j’ai quitté le groupe EDF en 2014.
Aujourd’hui, lorsqu’il m’arrive d’intervenir pour des entités du groupe EDF, mes accompagnements sont très appréciés : je connais la culture « de l’intérieur », je repère vite les enjeux, et je m’autorise à confronter les personnes à chaque fois que cela est nécessaire pour les faire progresser.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce que vous vivez au quotidien en tant que coach ?
Mon mari vous dirait que je ne travaille pas et que je ne fais que m’amuser ! Et c’est vrai, je suis très privilégiée, je m’amuse en travaillant ! J’ai le luxe de pouvoir choisir mes clients.
À mon sens, je fais le plus beau métier du monde : je rends les autres heureux et cela me nourrit, me permet de m’épanouir, de continuer à toujours apprendre sur moi et sur autrui.
Aujourd’hui j’interviens dans 3 types d’univers :
1.En entreprise.
Un exemple d’accompagnement : il y a deux ans, avec une autre coach systémicienne, nous avons accompagné une petite filiale du groupe EDF, d’une vingtaine de personnes, à la suite de très mauvais résultats dans l’enquête « Qualité de vie au travail ». Le contexte relationnel était très tendu.
Après avoir d’abord accompagné le Codir, nous avons proposé de faire travailler tous les membres de l’organisation sur le sujet qui les préoccupait (séminaire de deux jours), de les mettre tout de suite en co-responsabilité pour se parler, s’écouter, faire de nouvelles propositions… L’accompagnement s’est poursuivi ensuite (plus ponctuellement) pendant un an et l’année suivante, le responsable de la filiale m’a annoncé avec fierté que les nouveaux résultats de l’enquête « Qualité de vie au travail » étaient parmi les meilleurs du groupe.
2. Dans les congrégations religieuses.
A titre d’exemple, avec trois autres collaborateurs de l’École de Coaching de Paris, au printemps 2021, nous avons accompagné une vingtaine de prêtres d’une congrégation religieuse, à travers des « bilans de compétences ».
L’année suivante, cet accompagnement individuel s’est poursuivi par un coaching d’organisation de la « province de France », avec un enjeu important : faire évoluer la culture pyramidale de l’organisation vers davantage de transversalité et collégialité.
L’accompagnement s’est fait à différents niveaux : d’abord le conseil (équivalent d’un « Codir » en entreprise) pour lui permettre de définir son projet de gouvernance à 3 ans, puis le conseil élargi aux supérieurs de communauté… Enfin l’ensemble des prêtres de la congrégation (une cinquantaine lors d’une rencontre sur 3 jours) : ils ont validé ensemble le projet provincial des 3 prochaines années et défini leurs axes prioritaires d’action.
L’accompagnement devrait se poursuivre pour la mise en œuvre opérationnelle l’année prochaine.
3.Auprès des jeunes (post-bac)
J’ai beaucoup de plaisir à les accompagner et à les aider à « trouver leur voie » (approche de l’Ikigaï). Lorsque je permets à un jeune d’identifier ses talents, de repérer ce qui fait sens pour lui dans sa vie professionnelle, la manière dont il peut déployer ses talents dans le monde et offrir le meilleur de lui-même… je me dis que j’ai « gagné ma journée » !
Dans ma pratique, je suis ravie lorsque je peux intervenir avec d’autres coachs (c’est la force des collectifs) ; j’œuvre ainsi avec des ami.e.s coachs de différents horizons : Métasystème, Appreciative Inquiry, Art of Hosting, Institut du Discernement Professionnel etc.
Et bien sûr avec des coachs de l’Ecole de Coaching de Paris ! J’ai eu la chance de croiser le chemin de Béatrice en 2015 et depuis, j’ai beaucoup de plaisir à intervenir avec elle et d’autres coachs de l’ECP : Béatrix Bréauté, Christian Gastaud, Camille Gancel…
Béatrice et Laurent me font confiance pour participer aux jurys de certification de coachs et je les en remercie. La démarche est exigeante : comment faire grandir les « coachs en devenir » qui passent leur certification… avec bienveillance, mais sans complaisance ? C’est très apprenant pour moi aussi.
Vous avez été formée au coaching systémique par Alain Cardon (Métasystème) : comment cela joue-t-il sur votre pratique ?
Alain Cardon définit le coaching comme suit : “Un métier d’accompagnement du dialogue du client, centré sur ses résultats”.
J’ai effectivement une approche centrée sur les résultats attendus par mes clients. C’est la première question que je pose à un client : “À l’issue de notre coaching, quels résultats souhaitez-vous atteindre ?”
Et seulement après, je déroule la méthode du RPBDC.
Le coaching systémique présuppose d’être attentive à tout ce qui se passe dans le système qui nous lie, mon client et moi (tout ce qui se passe juste avant, pendant, et juste après le coaching)… afin de le mettre au service du client, pour le faire progresser.
A titre d’exemple, je peux évoquer le coaching d’un dirigeant d’entreprise, qui avait bénéficié d’un « retour 360 degrés » de ses collaborateurs. Les retours étaient très négatifs et il rejetait tout en bloc. A un moment de notre entretien, alors qu’il remettait en cause la méthode (ce qui revient à casser le thermomètre), il s’est mis à me parler « en posture haute ». Et à ce moment-là, j’ai eu un flash et je lui ai dit : « Quand tu me parles sur ce ton, j’ai vraiment l’impression d’être considérée comme moins que rien. En quoi cela a-t-il un lien avec les retours de tes collaborateurs ? ». L’impact a été immédiat.
Une autre spécificité dans l’approche Métasystème (Alain Cardon) est la place particulière donnée aux « processus délégués » dans les accompagnements.
Au-delà de l’outil, c’est une philosophie. Bien compris et bien appliqués dans les équipes, les processus délégués permettent de faire évoluer les inter-relations…donc les systèmes eux-mêmes.
Quelle est votre vision de la pratique du Coaching ?
Au niveau de ma pratique, les questions qui m’importent le plus sont celles qui sont liées au sens.
Ce qui me touche le plus et me procure le plus de joie, c’est de permettre aux personnes d’identifier leurs talents et de les déployer dans le monde, de trouver leur juste place dans la vie.
Depuis le 1er confinement lié au Covid au printemps 2020, ma conscience de l’urgence climatique est montée en flèche.
Pour répondre aux enjeux de transformation écologique, économique, humaine, sociétale… les défis sont immenses et c’est l’ensemble des structures de base de la société qu’il nous faut ré-inventer ensemble.Ma motivation aujourd’hui est de prendre part à ces enjeux de transformation sociétale, à l’échelle de ma ville (je suis référente Eglise Verte sur ma paroisse) et plus largement, quand l’occasion se présente, à travers l’accompagnement de tout type d’organisation
Que pouvez-vous me dire sur la place du coaching aujourd’hui ?
Pensez-vous qu’il y ait eu une évolution du coaching et des demandes vis-à-vis du coaching depuis ces dernières années ?
Bien sûr, le coaching a toute sa place et s’est beaucoup développé ces 20 dernières années. J’observe qu’il recouvre des réalités très différentes aujourd’hui. De la même façon qu’il y a une vingtaine d’années, tous ceux qui changeaient de métier se disaient « consultants », aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ont envie devenir « coachs ». Pour autant, quel métier ont-ils envie d’exercer ?
Pour ce qui concerne les demandes des entreprises qui pourraient émerger, je peux partager mon ressenti de ces derniers mois : je ressens comme une accélération, et en même temps une forme de fébrilité dans le monde de l’entreprise. Pour nombre d’entre elles, c’est tout leur modèle d’affaires qui est à réinventer, avec la sortie des énergies fossiles qui s’annonce (pour parvenir à la neutralité carbone en 2050).
Pour répondre aux enjeux colossaux de transformation sociétale, oui, les coachs ont un rôle majeur d’accompagnement à jouer, à plusieurs niveaux :
- accompagner les entreprises qui sont liées aujourd’hui aux énergies fossiles et qui vont devoir complètement repenser leur modèle d’affaires (secteurs automobile, aérien, etc…)
- accompagner l’émergence de nouvelles filières qui vont devoir se structurer (filières du vélo, transports décarbonés, fret ferroviaire, énergies renouvelables…) etc.
Avez-vous envie de partager quelque chose d’autre ? Des anecdotes, des remarques, des observations, etc. ?
Il est important que chaque coach puisse définir sa spécificité, ce qui le rend unique, compte tenu de son histoire de vie, de ses talents propres…
A chacun aussi de définir son « contexte d’excellence » : dans quel contexte, il va donner le meilleur de lui-même.Vous pourrez ainsi identifier qui sont les clients que vous pourrez le mieux accompagner, ceux qui regretteraient le plus de ne pas croiser votre chemin !
Pour terminer, j’en envie de partager cette citation de Pablo Picasso que j’ai trouvée accrochée dans une auberge, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle il y a quelques années; elle était formulée ainsi :
« The meaning of life is to find your gift. The purpose of life is to give it away”.
A chacun d’entre nous de trouver notre « don », notre talent spécifique … pour pouvoir ensuite le déployer et l’offrir au monde ! Bon vent à tous !
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